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Philosophe ou politique ?

Pour répondre à cette question, rien de mieux, que de commencer par ses origines familiales, son enfance, ses études, ses débuts professoraux et ses premiers pas en politique.

« Soy yo y mas circonstáncias », disait le philosophe castillan Miguel de Unamuno.

« La voie de l’influence est celle de la philosophie vulgaire » avertissait Leibniz à propos de la relations de l’âme et du corps, et nous n’allons pas y céder. Car ce n’est pas toujours « grâce à » ou « à cause de » que l’on devient ce que l’on est, c’est souvent contre que l’on se construit.

Alors que la question « Qui a fait Jaurès ? Jules Gesde ? ou, — plus conforme au dogme –, les mineurs et les verriers de Carmaux » qui fit florès aux temps du marxisme militant et universitaire indépassé faisait de Jaurès un produit.

Nous préfèrerons l’image d’un Jaurès dans sa singularité et sa génialité. Sans pareil, en vertu du principe, également leibnizien, des indiscernables :

« Il faut même que chaque Monade soit différente de chaque autre. Car il n’y a jamais dans la nature deux Êtres, qui soient parfaitement l’un comme l’autre et où il ne soit possible de trouver une différence interne, ou fondée sur une dénomination intrinsèque. »

Un(e) philosophe, pour obéir à l’écriture inclusive, est aussi un homme ou une femme, avec son histoire personnelle, sa sensibilité et ses sentiments, ses manques et ses désirs, et pas seulement son intelligence.

Ses origines familiales

Auguste, Marie, Joseph, Jean Jaurès est né à Castres le 3 septembre 1859 de Jean, Henri, Jules Jaurès et de Marie Adélaïde Barbaza.

Du côté de son père, Jules Jaurès : une famille de fabricants – commerçants descendus de la Montagne Noire qui, de la paysannerie, ont évolué vers la classe bourgeoise. Deux grands cousins que Jean appelait ses oncles : l’amiral Charles Jaurès, décédé en 1870, et le vice-amiral Benjamin Jaurès, général de division pendant la la guerre de 1870, député, sénateur, ambassadeur de France à Madrid puis à Saint-Pétersbourg, qui mourut dans ses fonctions de ministre de la Marine en 1889.

Son père Jules : décrit comme fort bel homme, intelligent mais changeant et fantasque. « Les actes d’état-civil l’apellent tantôt négociant, tantôt fabricant, tantôt propriétaire. »

« Son père Jules : décrit
comme fort bel homme,
intelligent mais changeant et
fantasque »

Jean Jaurès et son frère Louis

Du côté de sa mère Adelaïde, les Barbaza, une famille de fabricants de draps.  Son grand-père maternel, Jules Salvayre : lettré, professeur et ancien maire de Castres. Son frère Louis, adjoint au maire de Castres.

« Mme Jaurès mère était le bon génie de la maison, où elle représentait l’esprit d’économie et de prévoyance. Elle a laissé à ceux qui l’ont connue le souvenir d’une femme d’intelligence remarquable et de grand cœur. Son fils l’aimait infiniment. […] Elle était catholique pratiquante et tolérante, d’une piété douce et éclairée, sans mysticisme, sans dévotion outrée, attachée surtout, semble-t-il à un spiritualisme large, et peu préoccupée du dogme. Son influence sur son fils a été très grande et tout à fait heureuse[1]. »

Jean l’adorait. Un après, en 1860, naquît son frère Louis qui, admis à l’École navale, devint le troisième amiral de la famille.

[1] Lucien Lévy-Bruhl, op. cit., p. 9.

Adélaïde Barbaza (1822-1906),
mère de Jean et Louis Jaurès